C’est une institution à Nevers. Créée à la fin du XIXe siècle, la Faïencerie Georges propose une fois par mois un cours pour apprendre les techniques de décoration et ainsi réaliser sa propre faïence. Journaliste pour Koikispass, Isabelle Dany s’est glissée parmi les faïenciers d’un jour.
Un atelier à la Faïencerie Georges à Nevers démarre bien avant le jour J ! Une fois inscrit, une quinzaine de jours avant le cours, il faut choisir son support – une assiette, un vase ou deux gobelets – et la couleur de base – bleu, transparent ou blanc. Ensuite, les faïenciers Carole Georges et Jean-François Dumont vous invitent à réfléchir à un dessin.
Plutôt qu’un dessin, je me décide pour deux citations que j’envoie par mail. Quelques jours plus tard, mon option est validée et je reçois une maquette du résultat final. Ça donne envie. Vivement le jour J ! J’arrive un peu en avance pour admirer les belles réalisations aux décors contemporains et décalés exposées dans la boutique. Une bonne source d’inspiration…
En ce samedi après-midi de novembre, Jean-François Dumont accueille notre petit groupe de six femmes en commençant par un peu de théorie. J’apprends que la différence entre la faïence, le grès et la porcelaine tient surtout à la température de cuisson. “Plus on cuit, plus c’est solide. La porcelaine peut être cuite jusqu’à 1400 °C et la faïence autour de 1100 °C”, explique notre expert qui nous emmène dans les coulisses de la fabrication de la marque aux deux nœuds verts où des centaines d’objets en attente de décors sont rangés sur des étagères.
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous
Nos décors à nous ont été imprimés sur une feuille blanche et sont répartis sur une grande table. Nous enfilons un tablier vert puis Carole Georges prend le relais de Jean-François : “Vous allez créer un poncif afin de reproduire votre dessin sur votre objet”. À l’aide d’une sorte de stylo équipé d’une aiguille en guise de mine, nous transperçons la feuille de milliers de petits trous afin de délimiter les contours de notre motif. On appose ensuite le poncif sur nos futures faïences puis on tamponne avec une feutrine enduite de charbon de bois. La poudre noire passe au travers des trous du poncif et reporte le motif sur la pièce, servant ainsi de guide à l’étape de la peinture. Je procède à quelques essais sur des pièces impropres à la vente. Je trempe mon pinceau traceur à la plume ultra fine dans un mélange d’eau et de pigments et je mesure tout à coup l’exigence de ce métier lorsque la précision du geste devient un art. Comme si j’étais en classe de CP, je dessine des “a” et des “e”. Au bout de quelques lignes, aidée des conseils de Carole, je progresse et commence le premier gobelet.
Un silence de cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte
L’ambiance est silencieuse tellement notre groupe de faïencières amateures est concentré. La main tremble et se crispe sur le pinceau, chacune retient son souffle. “N’oubliez pas de respirer”, plaisante Carole qui passe auprès de chacune de nous. “Seuls les doigts bougent, le poignet reste fixe et on détend les épaules”, conseille-t-elle. On efface un petit raté, on recommence, le décor prend forme. Les trois heures s’écoulent en un éclair. Nos créations partiront au four dans quelques jours pour être recuites à 1030° C. En retournant à la boutique une semaine plus tard, je récupère mes gobelets dans un joli coffret. Pas mal pour une première !
Infos pratiques : Faïencerie Georges, 7, quai de Mantoue, Nevers. Séance de décor sur émail cru à l’atelier un samedi par mois de 14 h 30 à 17 h 30 : 95€ (groupe de 2 à 6 personnes maximum / à partir de 12 ans, un samedi par mois). Tél. : 03 86 61 09 12. Plus d’infos sur faienceriegeorges.com
Isabelle Dany.
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